La route poussiéreuse vibrait sous les pneus de la vieille Chevrolet qui s’arrêtait devant une petite ferme baignée par la lumière ambrée de la fin d’après-midi.
Margaret, vingt-quatre ans, était assise en silence sur le siège passager, serrant les doigts autour d’une valise en cuir éraflée. Sa longue tresse blonde pendait sur son épaule, et sa robe à fleurs délavée, propre mais visiblement usée par des années de raccommodage, témoignait d’une vie modeste.
Elle avait toujours été plus grande que les autres filles, et sa famille ne manquait jamais une occasion de le lui rappeler. Ce matin-là, les paroles de son père la blessaient encore : Margaret, cet arrangement va arranger nos finances et enfin t’installer.
Thomas Brennan a besoin d’une épouse pour l’aider dans sa ferme, et franchement, on ne peut pas être exigeant avec les prétendants. Ces mots sont tranchants comme une lame. Ses parents avaient clairement fait savoir qu’ils la considéraient comme un fardeau, une fille non désirée qui coûtait trop cher et donnait trop peu.
Lorsque la banque menaça de saisir leur petite épicerie, son père accepta avec empressement la proposition soudaine de Thomas Brennan. « Ce n’est qu’un simple fermier, avait dit sa mère en fronçant le nez, mais il est prêt à rembourser nos dettes en échange de toi. Considère cela comme ta contribution à la famille après toutes ces années où nous t’avons portée. »
Alors, en descendant du camion, Margaret se sentait plus comme un colis qu’on livre que comme une mariée. Son père évita son regard en posant sa valise par terre. « Thomas doit être quelque part dans le coin », murmura-t-il.
« Souviens-toi, Margaret, tu es sous sa responsabilité maintenant. Ne déshonore pas notre nom. »
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