Un motard pleurait à chaudes larmes à cause d’une serviette bleue, et j’ai dû m’arrêter pour voir ce qui avait brisé ce dur à cuire.

Je rentrais du travail quand j’ai aperçu une moto garée sur le bas-côté de la route 52.

Pour être honnête, mon premier réflexe a été de continuer ma route. J’avais toujours pensé que les motards étaient des fauteurs de troubles, le genre d’hommes dont ma mère me mettait en garde. Mais quelque chose m’a fait ralentir.

C’est alors que je l’ai vu. Un homme imposant, vêtu d’un gilet en cuir, agenouillé dans le fossé, soulevant un objet petit et fragile avec la délicatesse qu’on emploie pour manipuler du verre. Il l’enveloppait dans une serviette à rayures bleues et blanches et le serrait contre sa poitrine comme un trésor.

La tendresse de ses gestes m’a glacée. Je me suis garée sans réfléchir. Il fallait absolument que je sache ce qui pouvait faire pleurer un homme comme lui.

Il ne m’a pas remarquée tout de suite. Il berçait doucement l’objet, murmurant des mots que je ne pouvais pas entendre. En m’approchant, j’ai vu ce qu’il tenait : un chiot berger allemand, d’environ quatre mois, ensanglanté et couvert de boue. Une de ses pattes arrière était tordue de façon anormale. Sa respiration était superficielle et rapide.

« Il va bien ? » demandai-je bêtement.

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