« La datcha, dans laquelle elle avait investi toute son âme, n’était plus qu’un simple lieu de passage, jusqu’au moment de renvoyer les profiteurs se débrouiller seuls avec leurs poches vides. »

Son jeune frère Valentin était moins enthousiaste :

« Ne me posez aucune question ! » s’exclama-t-il aussitôt. « Je ne vais ni creuser ni arroser ta datcha. Franchement, Larka, je ne comprends pas pourquoi tu as besoin de ça.

Tu n’aurais pas pu investir cet argent dans quelque chose d’utile ? Achète-toi une voiture neuve !

Tu conduis une vieille guimbarde, et tu es médecin-chef d’un hôpital, tout de même ! Tu es cadre, ta voiture devrait refléter ton statut ! »

« Oh, arrête, Valya », rétorqua Larisa d’un geste de la main. « Quel statut ? Suis-je directrice générale d’une raffinerie de pétrole ? Je ne suis qu’un médecin ! Et cette datcha… cette datcha, Valya, c’est mon havre de paix.

Tu ne peux pas imaginer le calme qui y règne ! Toute la semaine, tu cours partout comme une folle, tu fais la queue au magasin, tu ne dors pas la nuit à cause des jeunes qui font des allers-retours à moto.

Et à la datcha… c’est le paradis ! Je m’y repose. Jardiner me fait plaisir ; j’adore m’occuper des semis et des parterres de fleurs. » « Eh bien, chacun son truc », dit Valentin en haussant les épaules. « Je passerai peut-être quand j’aurai le temps. Donne-moi juste ton adresse, au cas où. »

Au début de l’été, Larisa prit des vacances, ferma son appartement en ville et s’installa dans la datcha pour un mois.

Elle s’était déjà liée d’amitié avec les voisins, et les soirées étaient agréables. Valentin arriva à l’improviste ; Larisa était dans le jardin lorsqu’on frappa au portail.

— Valya ? Pourquoi n’as-tu rien dit ? Eh bien, entre donc maintenant que tu es là.

« Ma chère sœur, je retire ce que j’ai dit ! Tu as un vrai petit bijou. La maison est si colorée, on dirait une maison en pain d’épice tout droit sortie d’un conte de fées ! Combien t’a coûté cette rénovation ? Et le jardin, magnifique ! Des fleurs, un petit arbre… »